De l'enfer de Gaza vers la maison retrouvée, aujourd’hui et maintenant

Ce n'est pas dans les cieux
Ce n'est pas lointain
Le bien a soufflé
Il est si proche
Il est ici-même
Sa flamme contenue dans ta main Murmurant de voir le jour
Maintenant.

Hamoutal Bar-Yossef

Durant des générations, la Torah d'Israël et tous les sages d'Israël, en terre sainte et en exil, ont enseigné à faire ce qui est bon et juste. Israël signifie droiture. Même lorsque le monde brûle, et surtout lorsqu’il brûle. Ni de gauche ni de droite, mais le bien, la droiture et la sainteté qu'il nous appartient d'accomplir, aujourd’hui.
Ce bien et cette droiture, le Roi des rois, le Saint béni soit-Il, les a enseignés en tout, et dans le premier commandement fondateur : "Je suis l'Éternel ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage." Le Saint béni soit-Il introduit les Dix Commandements par l'exigence d'établir une société de solidarité et de secours, une société d’alliance où chacun et chacune d'entre nous se sauve mutuellement dans un effort commun et global.

Cela ne va pas de soi, ni alors ni jamais, comme l'enseigne notre maître Rabbenou Bahya dans son commentaire sur le premier commandement : "Il n'a pas dit 'qui a créé le ciel et la terre', car Il a voulu rappeler le commandement, celui du rachat des captifs des soixante myriades, plus important que le prodige immense de la création du monde, et Lui, béni soit-Il, nous a ordonné : 'Tu marcheras dans Ses voies'."

C'est cette identité, mon identité et pas une autre, enseigne l'Éternel béni soit-Il, pas la création du monde, pas la puissance, pas la victoire. Il n'y a rien de plus important et d'éternel que vous puissiez apprendre de moi que le rachat des captifs et leur sauvetage, et il n'y a rien que j'exige davantage que vous choisissiez en temps de détresse, que d'être solidarité et secours pour autrui et pour le monde entier. Puissiez-vous illuminer le monde par la sainteté éternelle de la solidarité, du secours et de la rédemption.”

En ces jours où le cœur est brisé et refuse de croire que nous approchons de Pessah, encore un Pessah, sans avoir encore pu sauver et ramener tous nos frères otages à la maison; en ces jours, rien n'est plus nécessaire que de choisir la sainteté. Il n'y a pas d'acte juif plus grand que celui-ci. Il n'y a pas d'alliance israélienne plus grande que de ne pas laisser des frères et des blessés derrière nous. Il n'y a pas d'acte humain plus grand, nécessaire, urgent et important. Il n’y a pas de raison plus importante pour laquelle nous sommes revenus dans notre pays. Et il n'y a pas de traumatisme national plus grand que celui-ci pour la Torah d'Israël et tout le peuple Juif.

Ce cœur brisé-là. Il a une voix. Il a une mission. Sauver et délivrer. Sanctifier et guérir. Et en ce Pessah, il doit être entendu dans chaque maison, famille et communauté. Chanter, prier, se tenir debout, agir. Jusqu'à ce que nous sauvions et ramenions nos frères à la maison et que nous nous délivrions tous de l'esclavage vers la liberté. Si nous nous réunissons autour de la table du Séder, si nous racontons la sortie d'Égypte, c'est pour se souvenir et rappeler, voir et montrer – comme la sainte Torah et tous les sages d'Israël nous l'ont ordonné – comment un peuple fait sortir tous ses frères de l'esclavage vers la liberté, de l'enfer de Gaza vers la maison retrouvée, aujourd’hui et maintenant.

Chacun doit voir et doit montrer. Et, en ce Pessah, un peuple est obligé. Nous sommes tous obligés de regarder nos frères et de montrer que nous nous souvenons. Nous racontons. Nous agissons. Nous portons secours. Pour ne pas passer, Dieu nous en préserve, un autre Pessah sans eux. Pour ne plus avoir besoin de ces poèmes et de ces chants, mais seulement pour nous souvenir et nous rappeler avec eux, l'histoire de la solidarité et de la rédemption aux générations futures.

Puissions-nous mériter de ramener nos frères à la maison, puissions-nous nous montrer délivrés et délivrant d'Égypte, puissions-nous mériter d'accueillir leurs êtres à la maison, en terre d’Israël et à Jérusalem, pays de solidarité et de secours, pays de sainteté, de guérison et d'espoir. Car ce n'est pas dans les cieux, nos frères si proches, ils sont ici, murmurant et criant à leur libération – ici et maintenant.

Traduit par Miléna Kartowski-Aïach